Agir pour protéger, éduquer, insérer, former, héberger
20 octobre 2010

Article de presse du 15 octobre 2010

A Paris, des éducateurs de rue au contact quotidien des jeunes des quartiers

Répandue dans les années 1980, la prévention spécialisée est redécouverte par les juges des enfants

Reportage

Le pas mesuré, l'oeil attentif, Asma, Fleur et Mélanie font leur " tour de rues " comme plusieurs fois par semaine du lundi au samedi, quels que soient le temps ou la saison. La prévention de proximité est leur quotidien. Agées de 22 à 29 ans, elles appartiennent à la quarantaine d'éducateurs de prévention spécialisée - ou éducateurs de rue - employés par la Fondation Jeunesse Feu Vert, créée en 1957 et largement présente à Paris et en Seine-Saint-Denis.

Leur terrain d'action est une langue de bitume de quelques hectomètres carrés de l'Est parisien, coincée entre un des boulevards des maréchaux et le périphérique, et plantée de logements sociaux. Leur mission ? L'accompagnement scolaire, l'occupation du temps libre et l'aide à l'insertion professionnelle pour les 12 à 21 ans du secteur. Bref, tout ce qui permet aux jeunes de ces quartiers populaires d'échapper au désoeuvrement et, parfois, aux tentations de la délinquance.

Très présent dans les années 1980, le travail des éducateurs de rue s'est progressivement réduit jusqu'aux années 2000, victime notamment des réductions de financement des associations. Le recentrage d'institution comme la Protection judiciaire de la jeunesse - les éducateurs d'Etat - sur des missions pénales au détriment de l'accompagnement social a conduit certains juges des enfants à redécouvrir l'apport de ces associations. " Comme les moyens se réduisent au niveau étatique, on fait appel aux éducateurs spécialisés, qui font un travail très intéressant et méconnu ", explique un magistrat.

Il faut voir l'accueil réservé à Asma, Fleur et Mélanie pour mesurer leur utilité auprès des jeunes de ce quartier, dont les fratries sont très larges : dès qu'ils les aperçoivent, les bouts de chou de 8 ans rappliquent. La poignée de main rituelle - dont les jeunes s'acquittent très spontanément - une fois échangée, on évoque la rentrée des classes.

« Libre consentement »

Les gamins ont surtout des projets extrascolaires. " La patinoire ! ", réclame une petite de 9 ans, son trousseau de clef et la carte de fidélité d'une épicerie discount autour du cou. Rendez-vous est pris la semaine suivante à 13 heures, " au banc " proche du collège de secteur : un des lieux de ralliement des jeunes du quartier, déserté en ce mercredi après-midi. Pour les ados, une sortie au Futuroscope dans le Poitou se profile pour les vacances de la Toussaint.

Les groupes se composent par affinité. " Feu Vert fonctionne sur le principe du libre consentement et de l'adhésion spontanée ", explique Annie Léculée, 62 ans, sa directrice depuis 1998. Pas question pour autant de laisser les jeunes s'installer dans un système de consommation des loisirs. Ils participent toujours symboliquement. Pour les sorties les plus onéreuses ou les séjours de vacances, ils recueillent des fonds en préparant des repas dans un restaurant associatif. " Ça ne finance évidemment pas la totalité du séjour, explique Mélanie, mais c'est une occasion informelle de travailler sur l'hygiène, la présentation, l'amabilité, le respect d'horaires de travail et la mixité garçon-fille. "

Frédéric, 42 ans, responsable de l'équipe de six éducateurs du secteur, a apprivoisé il y a huit ans ce quartier assoupi où ne subsistent que deux épiceries, une boulangerie, un tabac-presse et un salon de coiffure. Une zone d'activité concertée (ZAC) qui sort de terre juste à côté pourrait donner un nouvel élan au quartier.

L'avènement du téléphone portable a contribué à resserrer les liens des éducateurs avec les parents de ses jeunes. " Ils ont nos numéros, explique Asma, et on les appelle pour donner les horaires des sorties. Ça évite que les jeunes traînent et rentrent tard sous un faux prétexte. "

Le travail avec les familles et le soutien parental sont des axes forts de leur travail. " Nous sommes accueillis à bras ouverts dans les appartements des familles, dit Mélanie. Peu de mamans travaillent, mais elles ne sortent guère non plus, du coup, elles sont très en demande de relations avec nous. Elles savent qu'on ne prend pas leur place et qu'on contribue plutôt à la leur redonner en les épaulant. "

L'éducateur est une figure d'autorité appréciée des familles. " Il m'est arrivé d'aller chercher un jeune au commissariat à la demande de ses parents parce qu'ils travaillaient ou qu'ils ne maîtrisent pas suffisamment bien la langue ", explique Frédéric. D'autant que ce travail est effectué sur la durée.

Les éducatrices insistent sur l'importance de ce travail sur la durée. " Comme on a vu naître certains des enfants, on les accompagne mieux en cernant leurs besoins et le fonctionnement des familles ", disent-elles.

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Des assises pour prévenir la délinquance juvénile

Jean-Marie Bockel, le secrétaire d'Etat à la justice, a organisé, jeudi 14 octobre, à Paris, des Assises de la prévention de la délinquance juvénile, pour " mieux agir ensemble ", avant la remise de son rapport au président de la République, et à la veille d'un remaniement ministériel.

" L'augmentation de la délinquance des jeunes n'est pas une fatalité ", a indiqué M. Bockel, qui prône une approche globale du problème. Il ne s'agit que d'une " opération de communication ", assurent cinq organisations syndicales du monde judiciaire, alors que la majorité " a progressivement démantelé " depuis des années le mode de prise en charge des mineurs.

Patricia Jolly

© Le Monde

 

10 novembre 2010

Une Journée sur la scolarité

Riche d’apports et de réflexions

La journée de formation sur la scolarité organisée le 29 septembre a réuni à l’institut Val Mandé plus d’une centaine de participants, professionnels de la Fondation mais aussi partenaires de la protection de l’enfance, de l’Education Nationale et du secteur associatif, preuve d’une attente forte de réflexion sur la « question éducative ».

En introduction de la journée, Jean-Marc STEINDECKER, Président, tout en reconnaissant la dureté des contextes et l’amplification des difficultés, a insisté sur l’enjeu de favoriser la réussite scolaire afin de permettre à chaque jeune d’avoir sa place dans la société.

Après une présentation des actions développées par les différents établissements et services de la Fondation, la table ronde animée par Jean Pierre DEDONDER, Vice Président, ancien Recteur de l’Académie de Créteil, a permis de mettre en lumière les transformations majeures et de faire ressortir les défis à relever, notamment dans le soutien et l’accompagnement des jeunes les plus fragilisés. Plusieurs thématiques ont été abordées par les intervenants : le sens des savoirs que dispense l’école, l’autorité dont elle a besoin, sa place dans la société, les relations de l’école avec la famille, la diversité des dispositifs, le partenariat, etc.

A partir de leurs expériences respectives et après avoir rappelé le cadre des missions de prévention et de protection de l’enfance, Serge BURGHOFFER, Directeur des Jacquets et Annie LECULEE, Directrice du service de prévention Paris, ont insisté sur la nécessité de poser un cadre structurant pour les enfants et les adolescents, de préciser le sens donné aux projets et de rester «  à sa juste place », en distinguant les espaces de l’école, de la famille et de l’environnement. En effet, il ne s’agit pas de se substituer à l’Education Nationale, ni même d’agir dans le seul domaine de la réussite scolaire mais d’apporter un soutien aux enfants et aux jeunes en prenant en compte la globalité de leurs difficultés. Ils nous ont aussi fait part de plusieurs préoccupations : la dureté de l’environnement social et économique des enfants et des adolescents, les phénomènes de rejet de l’école, l’absentéisme, l’importance du nombre de jeunes déscolarisés sortis très précocement du système scolaire, leur souffrance mais aussi celle de leurs parents. Annie LECULEE a insisté sur l’importance d’éviter la dispersion des énergies dans  « l’empilement » des dispositifs afin de garder le sens de la mission éducative première.

Jean-Claude SAUVAGE, Directeur, responsable des établissements à la PJJ de l’Essonne, a présenté la diversité des réponses de la Protection Judiciaire de la Jeunesse en direction des jeunes qui leur sont confiés : partenariat avec l’Education Nationale dans le cadre de la réussite éducative, classes relais, actions diversifiées autour du sport, soutien éducatif en milieu carcéral…

Daniel CALIN, professeur de philosophie, psychopédagogue, nous a rappelé que les liens entre difficultés scolaires et sociales ne sont pas évidents d’où l’importance de ne pas étiqueter et enfermer l’enfant dans une catégorie. Bien au contraire, les écarts de perception sont des éléments d’ouverture pour l’enfant, il est judicieux de ne pas avoir un regard unique mais plutôt de cultiver nos désaccords…

Jean-Pierre BARATAULT, Inspecteur Education Nationale, conseiller technique auprès du Recteur d’Académie sur la question du handicap, connaissant bien les problématiques des élèves en rupture d’école, a insisté sur le rôle incontournable de la famille mais aussi de l’environnement. Les méthodologies de médiation mises en place dans le cadre d’un dispositif de soutien s’appuient sur une analyse systémique et la prise en compte des ressources des élèves, la priorité est de fédérer tout ce qui fonctionne et d’agir le plus tôt possible.

Bernard CHAMPAGNE, psychosociologue, à partir de différents travaux, notamment d’une étude réalisée par le Conseil Technique de la Prévention Spécialisée, fait le constat que si le projet de réussite éducative est partagé entre les enseignants et les parents, il ne l’est plus avec les adolescents. En effet, compte tenu des problèmes qu’ils rencontrent, ils ne croient plus que l’institution scolaire facilitera leur promotion sociale. Par ailleurs, l’équilibre entre l’élève adolescent et sa place dans la famille est difficile à tenir, les adolescents ont d’autres rôles à occuper dans le quartier. Il y a une tension entre le statut d’élève et le processus d’adolescence. Valoriser leurs ressources suppose de repérer et reconnaître leur ingéniosité.

Au regard des différents enjeux de l’Education : Scolarisation/Protection/Socialisation, l’Education Nationale ne peut appréhender seule ces trois fonctions, d’où l’importance des coopérations avec d’autres acteurs (partenariat avec les collectivités locales, les associations…).

Bénédicte MADELIN, Directrice du centre de ressources Profession Banlieue situé à Saint-Denis nous a rappelé que la naissance de la réussite éducative est née de la prévention de la délinquance. Le plan Borloo a créé 750 équipes éducatives. Un travail mené en Seine-Saint-Denis dans le cadre du programme de réussite éducative, à partir de la question «  Pourquoi certaines familles sont-elles signalées ?», montre que les familles signalées sont celles qui vivent dans des situations de précarité voire de survie, qu’elles n’ont plus de temps à consacrer à l’école. Elles ressentent fortement les inégalités sociales, considérant que leurs enfants n’ont pas le droit d’accéder aux écoles de la réussite, elles vivent dans «  l’entre soi des pauvres ». Pour compléter l’analyse précédente sur l’échec scolaire, s’appuyant sur les travaux des chercheurs Bernard CHARLOT et Jean Yves ROCHEX, Bénédicte MADELIN rajoute qu’il n’y a pas de déterminisme, de causalité mais des corrélations. Ainsi les familles migrantes récentes rencontrent plus de difficultés.

Maryse ESTERLE-HEDIBEL, sociologue, maître de conférences à l’IUFM du Pas-de-Calais fait plusieurs constats à partir de ses études sur le décrochage et l’absentéisme scolaire. Hormis les cas rares de troubles psychopathologiques, elle note que ces phénomènes sont multifactoriels : un contexte marqué par les inégalités sociales, la perte de sens de leur présence à l’école pour des élèves qui sont en difficulté depuis très longtemps, les orientations, la transmissions des savoirs qui s’appuie peu sur la capacité d’expression orale, peu valorisée à l’école…

Par ailleurs, les enseignants travaillent peu en équipe, ils sont très isolés pour gérer les différentes situations, notamment le lien entre le collectif et l’individuel, ils doivent bénéficier de formations.

Ce qui les différencie des éducateurs de prévention spécialisée qui ont des possibilités différentes : accueil, écoute, relation, ce qui leur permet d’assurer un soutien, une médiation entre les enfants et la société dans laquelle ils devront trouver leur place.

Après quelques questions et des échanges autour d’un repas, le travail en atelier s’est poursuivi l’après-midi dans 4 ateliers animés par des professionnels de la Fondation ainsi que par Isabelle BROCHARD, principale du collège Robert DOISNEAU à Paris et Santiago SERRANO, responsable de la Mission Départementale des conduites à risques au Conseil général de Seine-Saint-Denis. Cela a permis de croiser les points de vue et de conforter les participants dans la nécessité d’agir, en investissant dans l’écoute et l’accompagnement des jeunes et de leurs parents.

Maryse ESTERLE-HEDIBEL et Bernard CHAMPAGNE nous ont donné quelques pistes de réflexion et nous ont conseillé de poursuivre nos actions en respectant les fondamentaux de l’action éducative : se hâter lentement…

Jean-Marc STEINDECKER a remercié l’ensemble des intervenants et des participants à cette journée et nous a invités à poursuivre cette réflexion afin de mettre en place des pratiques toujours mieux adaptées.

 

 

 

17 décembre 2010

Le Conseil d'Administration s'est élargi

A la suite de l’évolution des statuts de la Fondation, trois nouveaux administrateurs ont été élus ce trimestre :

- Danièle JOURDAIN-MENNINGER, Haut fonctionnaire et professeure associée,

- Chantal GOYAU, Directrice générale de l’ETSUP, école de travail social située à Paris,

- Jean ROUCHE, Avocat au Barreau de Paris, Président de l’Association des Jeunes Amis du Marais, qui a déjà participé au Conseil d’Administration de la Fondation de 1970 à 1977.

Nous leur souhaitons la bienvenue.

18 janvier 2011

Le service de Prévention Spécialisée 93 a déménagé

Depuis le 23 décembre 2010, le Service de Prévention Spécialisée de Seine-Saint-Denis est situé :

35 Avenue de Lattre de Tassigny
93800 EPINAY SUR SEINE 

Les coordonnées téléphoniques et le fax ne changent pas :
Tél : 01.48.23.34.42 - Fax : 01.48.23.81.07

3 février 2011

Hommage à Michèle LE RESTE

27 janvier 2011

La disparition de Michèle nous a plongé dans une peine immense.

Celle que l’on ressent à la perte d’une collègue avec laquelle nous avons cheminé durant tant d’années.

Mais surtout d’une amie très chère avec laquelle nous avons tant partagé.

De l’enthousiasme, de l’espoir, des déceptions parfois et des valeurs fortes.

Nous savions qu’elle luttait depuis longtemps contre la maladie, mais nous ne pouvions pas -nous ne voulions pas- imaginer une fin aussi brutale tant elle était pour nous tous symbole de courage, de détermination, et de force de caractère.

Elle est partie comme elle a vécu, avec dignité courage et modestie.

Cette modestie justement et cette simplicité qui lui faisait refuser les honneurs et les louanges, considérant que tout ce qu’elle faisait, les petites et les grandes choses, c’était naturel !

Mais aujourd’hui, au-delà de la peine que nous ressentons tous, nous sommes réunis pour lui rendre l’hommage qu’elle mérite.

Née à Paris en 1945, Michèle fait des études de psychologie à Lille de 1966 à 1968, puis elle entre à la Fondation Jeunesse Feu Vert, au service de prévention Paris en juillet 1970 comme psychologue faisant fonction d’éducatrice spécialisée.

Michèle devient directrice adjointe du Service en 1981.

Compte tenu de ses compétences professionnelles, de son expérience, de son attachement au département de Seine-Saint Denis où elle vit, la Fondation, sollicitée par le Conseil Général, lui confie, en 1995, la création d’un service de prévention à Epinay-sur-Seine et à l’Ile-Saint-Denis.

En dix ans, ce service va s’étendre à Saint-Ouen, Villetaneuse et à La Courneuve, passant de 10 à 50 salariés !

Toujours du côté des plus faibles, Michèle vivait au quotidien ses engagements contre l’injustice sociale.

Elle le vivait, l’incarnait dans son quotidien professionnel, dans sa militance politique de communiste, dans son engagement syndical, mais surtout dans sa relation avec chacun.

Exigeante, généreuse et fidèle, Michèle ne cessait d’expliquer combien la dureté des contextes de vie était déstructurante pour les individus.

Son travail de terrain exprimait un combat permanent, comme une humble réponse pour changer un système qui détruit, les jeunes et les familles les plus fragiles.

Psychologue de formation, elle détestait le langage « alambiqué » des experts.

D’une voix claire et directe, elle n’allait jamais par quatre chemins pour aborder les questions qui la préoccupaient ou pour dire ce qu’elle pensait !

Soutenant sans relâche le champ de la prévention spécialisée, elle voulait « faire avec les jeunes », les aider, les protéger, être un point de repère ou un guide parfois, être toujours aux cotés des familles, des habitants des quartiers.

Elle avait le souci et l’ambition de mener les projets en s’appuyant sur ses équipes et sur des dynamiques collectives par exemple avec les associations de jeunes ou d’habitants.

Là, dans ce département de la Seine-Saint-Denis, où les difficultés sont grandes pour la population et surtout pour les jeunes, Michèle a transmis à de nombreux professionnels sa vision de l’éducation, du travail dans la rue, sa conception du travail d’éducateur, sans doute un peu éloignée de la technicité d’aujourd’hui !

Michèle avait compris que l’identité populaire s’est transformée mais demeure, s’affichant aujourd’hui sous d’autres formes que ce soient :

  • avec les groupes de rap qui scandent « la banlieue bouge ! »,
  • le slam de Grand Corps Malade,
  • ou de Tata MILOUDA, présente lors de son départ à la retraite. Elle était si émue lorsque cette femme d’origine marocaine racontait avec brio la conquête de sa liberté en tant que femme.

Elle pensait sans doute aussi au Maghreb, auquel elle était si attachée.

Que de projets développés durant toutes ces années ! Michèle soutenait toutes les idées originales de ses équipes : projets humanitaires, autour de l’art, autour du graphisme, du théâtre et de toutes les cultures urbaines.

Que de partenariats avec les élus des villes, avec l’ensemble du secteur éducatif et social.

Que d’engagements dans le secteur associatif :

  • Engagement comme administratrice et présidente à l’association Vie et Cité.
  • Création de l’Espace Dynamique d’Insertion Nord Ouest avec d’autres acteurs de prévention.

Michèle avait le souci constant de mettre en cohérence, ses idées, sa vie et ses engagements.

C’est ainsi que durant toute sa carrière professionnelle à tous les postes qu’elle a occupé elle a été une militante active de la CGT, l’organisation à laquelle elle avait adhéré dès son entrée dans la vie professionnelle.

Elle y a même occupé des fonctions nationales durant quelques années.

C’est ainsi également qu’elle avait été élue Conseillère Municipale de la Ville de Bobigny de 1989 à 1995.

Plus que tout, Michèle aurait voulu continuer de combattre concrètement et localement les discriminations, de soutenir les associations de jeunes, de femmes, de luttes pour les droits.

Son exceptionnelle écoute, sa modestie, son souci absolu de l’autre, bien plus que d’elle-même, la faisait apprécier de tous.

Jusqu’au bout, elle aura lutté contre la maladie tout en continuant ses combats, en affirmant ses convictions.

Et au moment de lui dire Adieu, comment ne pas se remémorer ce poème de Jean Ferrat qu’elle aimait tant. Il nous dit :

«  Tu aurais pu vivre encore un peu

Pour notre bonheur, pour notre lumière

Avec ton sourire, avec tes yeux clairs

Ton esprit ouvert, ton air généreux

Tu aurais pu vivre encore un peu »

Oh oui, tu aurais pu vivre encore un peu et même encore très longtemps.

Tu vas nous manquer cruellement alors que nous avons tant besoin d’hommes et de femmes de conviction comme toi.

En ces heures de tristesse, nous mesurons la perte que représente la disparition de Michèle pour sa famille tout d’abord et pour ses nombreux amis mais aussi pour la Fondation à laquelle elle était si attachée, et qui lui rendait bien.

Aujourd’hui, la Fondation Jeunesse Feu Vert toute entière est en deuil.

Et, au nom de Jean Marc Steindecker, son président, du Conseil d’Administration, et de tout le personnel, je veux dire à sa fille Valérie, à sa mère, à sa famille et à ses proches que nous sommes à vos cotés dans cette épreuve et que nous partageons votre peine.

Je sais qu’aucun mot, aucun geste ne peut effacer la douleur qui est la votre.

J’espère seulement que la présence et la solidarité de tous les amis, présents ce jour et tous ceux qui n’ont pu se joindre à nous, vous apportera un peu de réconfort et vous aidera, non pas à oublier, mais à continuer à vivre tout simplement pour la mémoire et dans le souvenir de Michèle.

Pour terminer, ma chère Valérie, je voudrais te dire que tu peux être fière de ta maman, de ce qu’elle a été et de tout ce qu’elle a fait dans tous les domaines.

C’était une grande et bonne femme.

Nous ne l’oublierons pas !

 

4 avril 2011

Conférence sur « Adolescence et santé mentale »

avec l’intervention de Marie Rose Moro.

Cette deuxième conférence a réuni plus de 70 professionnels, éducateurs, psychologues dans le cadre du séminaire « Souffrance psychosociale, santé mentale, quel accompagnement éducatif ? ».

Marie Rose Moro, Professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l’Université Paris Descartes, chef de service de la Maison de Solenn-Maison des adolescents de Cochin (Paris) et du service de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent à l’Hôpital Avicenne (Bobigny, France), a apporté un éclairage clinique passionnant sur l’adolescence. Après nous avoir présenté les multiples manifestations de mal être des adolescents : souffrances du corps, souffrances du fonctionnement psychique, du lien avec leur environnement, dépression, aujourd’hui l’apparition de phobies scolaires semble de plus en plus fréquente, troubles qui empêchent les adolescents d’aller à l’école.

La seconde partie de la matinée a été axée sur la question transculturelle des enfants de migrants et de tous ceux qui, pour des raisons diverses, traversent des structurations familiales différentes, des langues ou des mondes. Marie Rose Moro a bien décrit la complexité de l’adolescence pour les enfants de migrants qui sont, comme tous les adolescents, en recherche de sens. Ils sont soumis à une réalité doublement contraignante : « celle de rompre certains liens avec leur culture sans pour autant délaisser leur appartenance familiale du fait de liens affectifs profonds qu’elle suppose… mais ces liens affectifs sont parfois ambivalents voire conflictuels ».

Marie Rose Moro a répondu aux nombreuses questions des professionnels, partant toujours d’exemples cliniques pour éclairer son propos théorique. Pour les professionnels de la Fondation, l’adolescence est une étape clé de l’autonomie, l’objectif de cette matinée était de mieux comprendre l’approche clinique transculturelle et de prendre du recul pour mieux accompagner les adolescents et leurs familles.

Nous sommes à votre écoute

Vous pouvez nous trouver et nous contacter à tout moment pour une demande de renseignement et pout tout questionnement.