LE MOT DU PRÉSIDENT 

En 2024, la protection de l’enfance a été particulièrement sous les feux des projecteurs. La médiatisation des dysfonctionnements a contraint les pouvoirs publics à se saisir du problème. Les parlementaires ont rédigé un rapport assez accablant sur la situation (dilution des responsabilités, situation financière des départements intenable) et formulé de nombreuses recommandations pour y remédier. Nous ne pouvons que saluer ce travail en espérant qu’il se traduira dans les faits.  

S’agissant des associations, le problème majeur est celui du recrutement de personnels qualifiés. Tout se passe comme si de nombreuses vocations professionnelles étaient découragées. Les métiers de la protection de l’enfance apparaissent aux potentiels candidats difficiles, contraignants et mal rémunérés. Les difficultés de recrutement se durcissent, les vacances de postes se multiplient et s’allongent.  

Certaines associations ont dû fermer des services voire des établissements.  Le manque de personnels qualifiés ne leur permettait pas de rendre le service attendu auprès des enfants qui leur étaient confiés. Fort heureusement, la Fondation a pu pour l’heure se préserver de cette situation !   

Derrière ces réalités, il y a une question financière.  Le contexte actuel est tout particulièrement marqué par un déficit des finances publiques. Les Départements, compétents dans le champ du social, doivent faire face à l’accroissement des besoins alors que leurs ressources n’augmentent pas.  Il s’agit également de mieux prendre en compte des problématiques longtemps et massivement sous-estimées telles que les violences intra-familiales et les violences sexuelles.  

Enfin, la charge administrative s’alourdit au détriment du travail éducatif. Le contenu même de l’intervention éducative doit répondre à de nouvelles exigences, notamment pour renforcer le droit des enfants et de leurs familles. Ces évolutions nécessitent d’être accompagnées.  Les cadres de proximité ont un rôle essentiel à jouer dans ce domaine. 

En 2024, la Fondation s’est associée lors de manifestations nationales aux autres acteurs du social pour défendre les conditions de travail des salariés.  

La Fondation a également appliqué, dès sa publication, l’accord prévoyant l’extension de la prime du Ségur aux personnels qui en étaient jusqu’alors exclus, et ce de manière rétroactive à partir de janvier 2024. Elle l’a fait en dépit de son coût et de l’incertitude quant à la compensation financière par les tutelles. Elle a également soutenu le pouvoir d’achat en revalorisant sa prise en charge des tickets restaurant et abonnements de transport.  Enfin, toujours dans le cadre des revalorisations salariales, la Fondation s’est saisie des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) pour permettre la signature d’un accord en vue de l’attribution d’une Prime de Partage de la Valeur (PPV).  

Plus largement, la Fondation s’engage, de sa propre initiative ou en s’associant à celles d’autres institutions, à valoriser les métiers exercés par ses professionnels. Dans la continuité des travaux initiés en 2023, l’étude et le film documentaire réalisés par Anne et Paule MUXEL1 au sujet de l’action de prévention spécialisée – « Ils m’ont jamais lâché » – ont ainsi été largement  diffusés. 

En termes de communication, je salue les efforts de l’ensemble des équipes qui produisent, tout au long de l’année, de courts articles et des mini vidéos donnant à voir leur travail quotidien. Toutes ces contributions sont diffusées sur le site internet de la Fondation, régulièrement mis à jour. Dans le présent rapport d’activité, vous trouverez de nombreux témoignages et un panel d’actions visant une constante amélioration et adaptation des réponses apportées au service de l’accompagnement des publics. 

Enfin, la Fondation a été auditionnée par la Chambre Régionale des Comptes d’Ile-de-France dans le cadre d’une évaluation de la politique publique de prévention spécialisée déployée à Paris. Produit en début d’année 2025, le rapport définitif s’avère globalement positif. Nous nous en félicitons.  La Fondation est également associée aux travaux conduits par la Haute Autorité de Santé (HAS), afin de doter le champ de la prévention spécialisée d’une recommandation de bonnes pratiques professionnelles (RPBB). 

2024 a également été marquée par l’aboutissement du projet de fusion avec l’association AMANA.  L’organisation d’une manifestation festive, à l’appui d’une pièce de théâtre sur le thème des migrations, est venue clôturer le processus. Elle a été l’occasion de remercier les professionnels, les partenaires, les membres du Conseil d’Administration et symboliquement, de passer le relais à la Fondation et particulièrement au SAFIP. L’intégration des 4 salariés s’est déroulée sans heurts, en s’inscrivant dans la continuité de leur activité. 

Cette année a également vu l’arrêt d’un dispositif particulier, les « Bataillons de la Prévention », porté par le service de prévention spécialisée de Seine-Saint-Denis (SPS 93). Du fait d’une insuffisance de subventions et en l’absence de positionnement de la préfecture sur les suites à donner au dispositif, le Conseil d’Administration a pris la décision d’y mettre un terme dès le mois de juillet 2024. Pour mémoire, la Fondation avait initialement accepté de s’engager sur demande expresse du Préfet, et sous certaines conditions. Dans ce cadre, deux nouvelles équipes éducatives avaient été créées, l’une au sein du quartier Michelet de Saint-Ouen et l’autre, dans le secteur des 4 Routes à La Courneuve. Aujourd’hui, seule l’activité de l’équipe de La Courneuve a pu être maintenue, grâce à l’effort conjoint de l’ensemble des parties prenantes (Département, Ville, SPS 93).  

Dans ce contexte, la Fondation reste attentive et proactive. 

Au nom du Conseil d’administration je tiens à remercier toutes les équipes et le personnel administratif de Feu Vert pour leur engagement sans faille au service des jeunes « pour ne jamais les lâcher ». 

 

Jean-Marc STEINDECKER 

Président 

 

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Crédits : photo de couverture libre de droits d'utilisation, Mica Asato